S.
un mois de novembre qui débute bien mal. une musique de circonstance. ça faisait longtemps que nous n'avions plus vu S. dans le Bar. le pizzaiolo retraité. son sourire. son accent sicilien qui apportait un peu d'exotisme dans le parfois gris bruxellois. j'étais allé manger dans son restaurant, il y a bien des années de cela. une autre vie. la meilleure pizza que je n'ai jamais mangée! pancetta et un supplément de salami piquant. ce n'est que récemment que j'ai su que c'était lui le pizzaiolo. alors je le lui ai dit bien entendu. je me demande même si ce n'est pas la dernière fois que je l'ai vu en fait. le temps qui passe bien vite. il entrait. petit homme, il escaladait presque le tabouret du bar. "salut S., tu prends quoi pour moi s'il te plait?". "une eau plate" ou "un café". le Bar est réputé pour servir un des meilleurs cafés de Bruxelles. et nous parlions de tout et de rien comme on dit. le football. la Sicile. les femmes. nos petites vies. ce genre de choses. nous nous demandions ce qu'il devenait parce que nous savions qu'il était malade. par contre, nous ignorions la gravité de la maladie. quand on lui demandait si ça allait, il répondait "oui" la plupart du temps. alors la serveuse patronne a décidé de l'appeler. il a répondu qu'il était à l'hôpital mais ses propos étaient assez confus. c'était il y a environ deux semaines de cela. ce week-end, entre habitués, nous avons commencé à évoquer S., bien décidés à trouver l'hosto en question et à aller le voir. et puis lundi matin. "est-ce que vous êtes au courant pour S.?". "non". "il est mort"...